Bonjour,
Merci pour la réponse, mais il me semble nécessaire de clarifier plusieurs
points techniques, car plusieurs niveaux distincts sont ici mélangés
(langage, format source, implémentations, CMS, outils).
Beaucoup des principes que nous utilisons aujourd’hui — formats texte,
sources lisibles, accès au savoir — doivent beaucoup à Aaron Swartz. On
gagnerait à ne pas l’oublier quand on parle de pérennité documentaire. »
Je réponds point par point.
1. « Markdown n’est pas un format mais un langage de balisage léger »
Markdown est à la fois :
un langage de balisage léger,
et un format source textuel.
Un fichier .md est un format de stockage, au même titre qu’un .tex.
Le fait qu’il soit défini par une grammaire n’empêche absolument pas qu’il
soit un format pérenne, lisible et versionnable.
Dire que Markdown « n’est pas un format » est donc incorrect d’un point de
vue technique.
2. Variations de syntaxe : le problème n’est pas Markdown, mais les
implémentations
Il existe effectivement plusieurs dialectes :
Markdown originel (Gruber),
CommonMark,
GitHub Flavored Markdown,
Pandoc Markdown.
Ce qui pose problème dans la pratique, ce ne sont pas ces standards bien
documentés, mais :
les CMS,
les moteurs de rendu web,
et leurs extensions arbitraires ou incomplètes.
Accuser Markdown pour des divergences introduites par des CMS est
équivalent à accuser HTML pour les erreurs de rendu propres à un framework.
Dans un workflow maîtrisé (Pandoc, CommonMark, Markdown strict), ces
problèmes n’existent pas.
3. « Markdown est trop léger pour des documents complexes »
C’est factuellement faux.
Avec Pandoc Markdown, on dispose notamment de :
notes de bas de page,
références croisées,
bibliographies (BibTeX / CSL),
métadonnées structurées,
tableaux complexes,
mathématiques LaTeX,
figures légendées,
annexes,
index,
variables et filtres,
numérotation automatique.
Des rapports techniques, thèses, documentations industrielles complètes
sont produits ainsi quotidiennement.
Les limites viennent des outils utilisés, pas du format.
4. Pérennité : ODF et Markdown ne jouent pas sur le même plan
ODF est un excellent format d’échange logiciel, mais :
il repose sur un conteneur ZIP,
contenant de l’XML verbeux,
illisible directement par un humain.
Markdown est :
du texte brut,
lisible sans logiciel spécifique,
modifiable dans 10, 20 ou 50 ans,
parfaitement adapté au versionnement (Git).
Les deux formats ne répondent pas au même besoin.
Markdown est pérenne pour l’humain, ODF pour l’écosystème applicatif.
5. Pandoc : outil de transformation, pas solution miracle universelle
Pandoc n’a jamais été présenté comme parfait sur tous les formats.
Oui :
EPUB est un cas particulier où LibreOffice + Writer2xhtml peut être plus
adapté selon les besoins.
Mais Pandoc excelle pour :
PDF via LaTeX,
DOCX,
ODT,
HTML propre,
LaTeX,
réversibilité des formats.
Il s’agit d’un outil d’ingénierie documentaire, pas d’un exporteur grand
public.
6. « On peut déjà écrire en Markdown dans LibreOffice »
Ce qui est décrit ici est une simulation syntaxique, pas un mode source
réel.
Le document interne reste :
un ODT,
avec styles,
avec interprétation a posteriori.
Un véritable mode source Markdown impliquerait que :
le document interne soit du texte brut,
Markdown soit la source,
ODT/DOCX soient des formats de sortie.
Ce n’est pas le cas actuellement dans LibreOffice.
7. Tableaux Markdown : ergonomie ≠ limite du format
Oui, l’édition manuelle de grands tableaux Markdown est peu ergonomique.
Mais :
le format est lisible,
les tableaux peuvent être générés automatiquement,
importés depuis CSV,
produits via scripts ou outils intermédiaires.
C’est une limite d’édition manuelle, pas une faiblesse structurelle du
format.
Conclusion
En résumé :
Markdown est bien un format source textuel, en plus d’être un langage.
Les problèmes évoqués viennent majoritairement des CMS et implémentations
partielles.
Markdown est parfaitement adapté aux documents complexes via Pandoc.
ODF et Markdown répondent à des usages complémentaires, pas concurrents.
LibreOffice ne propose pas aujourd’hui un véritable mode source Markdown.
Les limites ergonomiques ne sont pas des limites conceptuelles.
C’est précisément pour cela que Markdown est utilisé comme source stable,
et ODT/DOCX comme formats de sortie ou administratifs.
Cordialement,
Bernard Schœnacker
3 rue de la porte de France
57930 Fénétrange
Technicien Méthodes –
Rédacteur Technique industriel
----- Ysabeau <ysabeau@libreoffice.org> a écrit :
Le 13/12/2025 à 13:23, Bernard Schoenacker a écrit :
Je voudrais rappeler un point simple, mais qui change absolument tout :
?? Markdown résout plus de problèmes de rédaction qu’il n’en cause.
Alors Markdown n'est pas un format mais une langage de balisage léger.
Et il est susceptible, et j'ai (trois fois hélas) le cas sur deux sites
différents où le Markdown n'est pas le même. La syntaxe varie d'un site
à l'autre et c'est très pénible.
Et il est très (trop) léger dès qu'on a affaire à des documents
complexes.
pérenne (il ne devient pas illisible dans 10 ans),
l'ODF non plus, c'est d'ailleurs aussi l'une des raisons de sa création.
portable entre tous les systèmes.
C’est un format source — comme l’est LaTeX — ce qui garantit une
stabilité maximale dans la rédaction collaborative, là où DOCX/ODT
connaissent régulièrement des corruptions ou des divergences
d’interprétation entre logiciels.
Ah mais c'est le cas aussi entre les diverses implémentations de
Markdown justement.
2. Markdown ne sacrifie pas la qualité du document final
Grâce à Pandoc, un fichier Markdown peut être converti proprement en :
PDF (via LaTeX),
ODT,
DOCX,
HTML,
ou tout autre format ouvert.
Pandoc n'est pas toujours parfait et, d'après mes essais, il est moins
bon pour les conversions en EPUB que LibreOffice + Writer2xhtml. Et il
nécessite de connaître les lignes de commande, sous Linux en tout cas
(et je ne l'ai pas dans ma distribution).
3. Avantage décisif : un format réversible
Contrairement à DOCX/ODT, qui deviennent vite opaques après
modifications :
Euh ?
un document PDF généré depuis Markdown est reconstructible,
le Markdown d’origine reste toujours lisible et modifiable,
aucune information de structure n’est perdue.
Non plus dans l'ODF.
5. Conclusion : un outil que LibreOffice pourrait intégrer utilement
LibreOffice pourrait gagner en robustesse en :
proposant un import Markdown natif,
c'est le cas.
permettant un mode de rédaction en texte source,
on peut déjà, c'est ce que je fais quand je rédige pour LinuxFR.org !
J'ai configuré les intertitres avec une numérotation avec le nombre de #
. Pour les gras et les italiques, j'encadre de ** et de **, j'ai un
style pour les listes à puces. Et je mets les liens, les images et les
notes en syntaxe Markdown. Après, un copier-coller et tout est
impeccable.
Mais la fonction d'export en Markdown est implémentée et devrait être
vraiment fonctionnelle pour les versions à partir des 26.2. Ce n'est pas
le cas aujourd'hui.
laissant ODT pour le rôle final de format administratif.
Euh non, pour les EPUB par exemple, LibreOffice et son format, c'est
mieux. Par exemple, pour ce long document complexe, je ne sais pas trop
comment j'aurais géré ça en MarkDown et en prime on a un PDF hybride
avec les sources. Et hors de question que je m'enquiquine à saisir des
balises et encore des balises.
https://numericoach.net/Le-Systeme-metrique-decimal
Accessoirement, les tableaux en MarkDown c'est pénible. Faisable, mais
pénible, et, s'ils sont grands, ça devient vite peu lisible.
--
Ysabeau
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry
Pratchett, Déraillé.
--
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