Bonjour,
Je voudrais apporter une précision essentielle dans ce fil, car une
confusion revient régulièrement dans nos échanges : bien utiliser
Writer ne garantit en aucun cas la stabilité interne d’un fichier ODT.
Beaucoup d’utilisateurs pensent que, si le document “se comporte mal”,
c’est nécessairement qu’il a été mal manipulé.
C’est une idée compréhensible… mais techniquement fausse.
?? 1. Writer ≠ ODT
LibreOffice Writer est une interface.
ODT est un format, structuré en XML, styles automatiques, manifest,
namespaces et une arborescence complexe.
On peut parfaitement utiliser Writer “dans les règles de l’art” et
obtenir malgré tout :
des styles dupliqués automatiquement,
des ruptures dans l’héritage des pages,
des entêtes/pieds dissociés,
des styles enfants générés sans action explicite,
des corruptions mineures du DOM,
ou des comportements apparus après plusieurs sauvegardes.
Ces phénomènes ne dépendent pas de la rigueur de l’utilisateur,
mais de la dette technique intrinsèque du format OpenDocument.
?? 2. Dans un document simple, Writer masque les problèmes
Un texte court, avec peu de styles, reste généralement stable.
Mais dans un document :
long,
structuré,
collaboratif,
versionné,
ou converti depuis DOCX,
les limites apparaissent.
Les développeurs de LibreOffice eux-mêmes documentent ces cas dans les
rapports de bug liés :
aux automatic-styles,
aux pages liées ou rompues,
aux conversions héritées,
aux styles résiduels,
et au parsing XML.
Ce n’est donc pas une question “d’usage impropre”.
?? 3. L’utilisateur ne voit pas ce que Writer génère en interne
Un document peut sembler propre en surface, tout en contenant :
des styles redondants,
des blocs XML contradictoires,
des fragments hérités d’anciennes versions,
ou des traces de conversions.
L’utilisateur n’a aucun moyen de les détecter par l’interface.
Mais Writer doit, lui, les interpréter — d’où des ruptures de logique.
C’est comparable à un fichier HTML :
l’apparence peut être correcte, alors que le DOM interne est fragile.
?? 4. La stabilité d’un document ne dépend donc pas du “bon usage”
mais de sa structure interne
Il est donc inexact d’affirmer :
“si un document se dégrade, c’est que l’utilisateur l’a mal utilisé”.
Non :
même un utilisateur rigoureux peut toucher aux limites du modèle XML.
Et cela n’a rien de scandaleux :
ODT est puissant, mais techniquement complexe.
?? 5. Pourquoi j’en parle
Cette distinction n’est pas théorique :
elle explique pourquoi certains documents deviennent instables malgré
une utilisation correcte.
Et elle explique aussi pourquoi certains professionnels (rédaction
technique, industrie, documentation structurée, localisation,
archivage) privilégient des formats textuels simples pour la source
(Markdown, AsciiDoc) puis génèrent le PDF/ODT en sortie.
Cela ne remet pas du tout en cause la valeur de Writer :
cela rappelle simplement que l’outil visuel et la structure XML ne
fonctionnent pas sur les mêmes principes.
?? Conclusion
La qualité de l’utilisateur n’est pas en question.
La réalité technique, si.
Clarifier cette distinction permet d’éviter des malentendus fréquents :
le document peut casser même si l’utilisateur a bien travaillé,
le problème peut venir de la structure XML,
et non d’un “mauvais usage”.
Merci d’avance de votre attention à ces nuances techniques,
et bonne continuation à toutes et tous.
Cordialement,
Bernard